La diagonale, oui j’ai déjà appris ça : c’est quand deux lignes ne se touchent jamais ? Printemps 1990. Enseignement en grève en Belgique francophone. Je suis en quatrième secondaire et j’explose de vie. L’école est fermée, vive les arbres en fleurs, l’herbe insolente, les oiseaux rieurs ! Je n’ai aucune angoisse quant aux cours mis en pause ou à mon avenir. Je suis dans l’immédiat, très souvent en vadrouille, dans ce mélange typiquement adolescent d’oisiveté, de nonchalance et de spontanéité. Aucun parent à l’horizon, ils travaillent, les pauvres. Mon quotidien est fait de potes, de temps qui passe lentement et d’explosion des hormones. Je n’ai pas encore lu Jo de Derib, mais je sais qu’il me faudra composer avec le danger du virus à pointes. Je me découvre sensuelle. Je prends des mains sans raison autre que le besoin d’être en contact, j’embrasse, je caresse, j’étreins. Je suis avide de discussions interminables, de silences partagés, de franches ri...