Ils nous ont dit de nous laver les mains. Alors je m’applique. Je frotte entre les phalanges comme ils ont montré, jusque sous les ongles, plusieurs fois par jour. À force, ça fait remonter de vieux fantômes et je recommence à avoir envie de le faire tout le temps. Dès que je touche mon copain, l’embrasse, touche la poignée de l’immeuble. Je les lave à m’en faire tomber la peau et retrouve ces gestes que je faisais autrefois jusqu'à l’obsession. Étreindre avec force sous l’eau brûlante, jusqu’à en retrouver le contrôle sur les choses. Plus jeune, il m’avait fallu du temps pour me délester de ces gestes obsessionnels, répétés jusqu’à l’écoeurement. Désapprendre avait pris du temps et l’angoisse a balayé tout ça d’un coup d’œil. Corps virtuels pour mélodies douces Avec mon amie qui porte le même prénom que moi, on danse. Sur skype, sur la même chanson. On danse jusqu’à en avoir le vertige, à faire vaciller l’image du vieux monde, leur monde. Je dans...