Liste dûment complétée glissée dans la poche arrière, attestation recopiée soigneusement dans le sac, datée et signée, heure de sortie mentionnée. Masque de fortune autour du cou, prêt à être remonté. Sacs cabas à la main, la panoplie des confiné·es est prête. Starter pack quarantaine. Me voilà parée pour LA sortie de la semaine. Faire les courses est devenu l’attraction hebdomadaire, le petit plaisir teinté du goût du risque. Frissons le long de l’échine quand on parvient enfin à entrer dans le supermarché après une bonne heure de queue. L’enseigne nous fait de l’œil, l’artifice capitaliste paraît un peu moins laid que d’habitude en ce moment. À l’heure où les marchés ont replié leurs étals, la possibilité de consommer local et de saison est franchement déjouée. On n'a rien connu de plus stimulant depuis cinq jours, fac-similé de la vie en société pré-pandémie. Seul espoir de croiser des jeunes de son âge quand on a la chance de ne pas vivre dans un pa...