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Non, mes ami·es, je compte les heures…

Tututuuuut, tutututuuuuut, tutututuuuuut… zut, merde, le réveil, il faut que je me lève avant que mon fils ne se réveille… Je cours, je saute, j’arrive au salon et avec une précision digitale digne d’un prestidigitateur, j’arrive à l’éteindre dans un temps record. Silence… je regarde à gauche et à droite, je tiens ma respiration. Et du coup, j’entends… Mamaaaaaaaaaaa ! Mon heure de tranquillité a disparu avant même d’avoir commencé. Youpi… une spirale d’activités frénétiques va commencer… pour que mon petit être vivant soit occupé et me fiche la paix… le temps que ça dure. 

Allez, hop ! Une fois le deuil de mon heure matinale passé, j’affiche mon meilleur sourire et je me dispose à commencer la journée… ou plutôt à survivre à cette journée. 

On débute avec le petit-déj, on continue avec une persécution à travers la maison pour s’habiller (oui, les spécialistes - maintenant il y en a plein - expliquent qu’il faut que les enfants aient une routine, histoire de pas rester en pyjama toute la journée) et on commence la soi-disant routine. Que faire comme routine quand la routine était d'aller à l’école ?

Mon cœur, que veux-tu faire ?

A : Aimerais-tu faire un peu de sport (traduction : est-ce qu’on met une vidéo de Youtube avec musique disco des années 80 et je finirai par faire les exercices en regardant une nana qui est habillée comme dans Fame, tandis que toi, après dix secondes d’exercice, tu décideras que tu en as marre ?)

B : Aimerais-tu préparer un gâteau, des biscuits, que sais-je ? (traduction : est-ce qu’on cherche une recette sur Google et c’est moi qui ferai le gâteau et les biscuits car, après la première émotion de vider le verre de farine dans le bol, tu te rendras compte que ce n’est pas si chouette que ça ? Je vous laisse imaginer dans quel état finit la cuisine après qu’un gamin de 5 ans ait joué à Master Chef en version maison).

C : Aimerais-tu lire un conte ? Allez, vas-y, choisis-en un (traduction : stp, stp, ne choisis pas Barbapapa, stp, j’en peux plus, ça fait plus de trois semaines qu’on lit le même livre, je peux même le réciter par cœur… d’ailleurs, aviez-vous remarqué que les Barbapapa étaient des hippies écolos pro pédagogie active ? On apprend plein de choses ces jours-ci !). 

En fait, tu sais loulou, pas besoin de choisir ! Tu as gagné le loto ! Une journée à deux, 24h/24, enfermé·es à la maison, ça laisse beaucoup de temps… Parce qu’avec toutes ces activités, on arrivera à remplir… disons, une heure et demie de la journée ? Heureusement, il y a l’heure de la sieste, ce moment de calme et de repos… pourvu que ce petit monstre décide de faire la sieste, ce qui n’est pas gagné non plus. Mon chou, voudrais-tu te reposer avec moi, jouer en silence, arrêter de monter sur moi… me laisser vivre, stp? 

On peut être tous et toutes très Montessori mais il y a un moment où on n’en peut plus et on remercie (quelqu’un ?) pour l’existence de Peppa PigLes Dragons du CielShaun the Sheep en particulier et Netflix en général. « Pas d’écran avant trois ans », disent-ils… la personne qui a inventé ça n’était pas en confinement, ça se voit… en plus, techniquement, mon fils a déjà 5 ans, ce que j’interprète comme « allez, viens, Netflix et possède le… ». Pendant ce temps précieux, cette heure de répit et de paix, que puis-je faire ? 

A : J’en profite pour prendre un moment pour moi, faire du yoga et de la méditation, pour m’étirer en faisant la salutation au soleil. Je n’oublie pas de remercier le moment que je suis en train de vivre en faisant le chien tête en bas. Ah, et je pense à l’écologie et la planète. 

B : J’ouvre vite l’ordinateur pour repasser les notes du master (oui, belle idée de retourner à l’université quand on a 40 ans… avis aux navigateurs, expérience à ne pas répéter en cas de confinement). Tandis que j’écoute un podcast de Philo, je me demande ce que Haraway doit avoir pris pour en arriver au Chtulucène. 

C : Je vais vers le frigo, je prends une Leffe et je m’enferme à la recherche de paix… dans la toilette, avec l’espoir que le chapitre de Peppa Pig dure assez longtemps pour me laisser finir la bouteille. 

Eh, bon, c’est la C, désolée, je suis faible… Parce que oui, être confiné·e peut être un moment propice pour la méditation, pour profiter du temps, pour réfléchir sur mon « je » profond, pour faire tout le sport que j’ai voulu faire, pour voir les films que j’avais notés sur une liste avec l’espoir d’avoir un jour le temps de les voir, pour lire les livres dont j’ai toujours rêvé depuis le cours avec Pezeril, sauf, sauf… sauf si tu as des enfants et que tu es confinée avec eux. Voici la réalité dont personne n’ose parler (ce n’est pas bien vu, admettons-le). Parce que non, ce n’est pas chouette d’être confinée avec ses enfants, même si on les aime de tout son cœur. 

Après, pour les parents qui sont confinés avec des enfants, il y a toute sorte de groupes Facebook, Whatsapp, Instagram, Pinterest, Tangram et jesaispasquoi avec des conseils, des trucs à bricoler, des recettes, des chansons pour enfants, des vidéos pour enfants, du yoga pour enfants… tout pour les enfants et on est censé faire tout ça en souriant et en se réjouissant de pouvoir passer tout ce temps ensemble, ce cadeau que le confinement nous fait… cadeau ? Fuck you, j’envie de dire. Je suis devenue une sorte de Dr Jeckyll et Mr Hyde. Parfois, je me sens illuminée, comme si j’étais un mélange de Maria Montessori, Emma Pickler et Françoise Dolto, toutes les trois, comme dans une sorte de transe et je souris (« oui, loulou, essaye de ne pas t’électrocuter avec l’aspirateur, non, il n’est pas fait pour aller dans le four). D’autres fois, la rage et la colère montent et je sens le volcan qui va exploser et Cruella d’Enfer est mon référent le plus proche (« Puis-je marcher dans l’appartement sans avoir une patelle collée dans ma jambe, stp ? »). Parce que oui, je suis une mère, mais je n’est pas une mère, à la Collin. Parce que oui, j’avais une vie avant que ce virus avec un prénom de mascotte des JO de Barcelone ne vienne nous rendre visite… et oui, j’aimerais bien la récupérer (ok, mais sans le capitalisme, les avions et tout ça, ok ?)

Ah… et oui, je n’ai pas oublié que le blog est sur sexe et confinement. Mais soyons réalistes, en couple hétéro depuis plus de dix ans, un enfant de 5 ans… vous croyez que je pense au sexe pendant le confinement ? Non, mes ami·es, je compte les heures…

* Toute ressemblance avec la réalité est pure fiction.

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