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Le bouleversement du confinement

Le confinement : un mot, un assemblage de lettres, un ensemble de quatre syllabes n’ayant jamais fait autant écho pour l’ensemble des communautés. Ce nom commun pourtant si lointain devint soudainement familier suite à l’apparition d’un virus dénommé « Covid-19 » ou « Coronavirus » occasionnant une pandémie mondiale. Une contagion suscitant obsessions, hantises, inquiétudes et nous confrontant à l’essence même de ce que l’être humain a été, est et sera à jamais : un être mortel.

Aujourd’hui, le terme « confinement » préside dans le discours de chacun·e, délimitant la frontière entre l’extérieur et l’intérieur. Un périmètre circonscrit entre le dedans et le dehors. Une délimitation invisible à l’œil nu mais venant brutalement faire ancrage dans nos modes de vies actuels. Une situation vécue différemment par les êtres humains, selon leurs particularités intrinsèques et personnelles, leurs modes et milieux de vies, leurs milieux professionnels et leur environnement socio-culturel. Néanmoins, malgré leurs divergences, iels ont tous un point commun : celui d’être confronté·es au risque. 

Le virus engendre de nombreux dégâts, impacte la vie des citoyens mais également les systèmes, les organismes, les politiques et le monde des économies. Cela joue un rôle déterminant dans le processus de confinement qui, à son tour, double la mise en contraignant les libertés. À travers ce choc collectif, je réalise que nous devons faire face à une bactérie mutante et pour laquelle nous n’avons pas encore de remède. Nous ne pouvons la percevoir et le seul moyen de s’en protéger est de rester chez soi. Qui aurait cru que, pour combattre un ennemi, il nous faudrait demeurer chez nous ? Facile n’est-ce pas ? Ou du moins... en apparence. 

Je prends conscience du système dans lequel nous vivons et je le perçois tout aussi impuissant que nous face à l’adversaire. Un système qui s’est voulu, au départ, préventif mais qui n’a pas tardé à se résoudre au mode offensif. Un gouvernement ayant instauré progressivement une succession de directives afin que le peuple puisse avoir le temps de s’y accommoder pour ensuite les réformer en injonctions de plus en plus restrictives. Un système se voulant sécuritaire et rassurant… J’aime l’idée car le fond est ce qu’il doit être mais je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire satirique quand je repense à ces 300 jours passés sans gouvernement. M’enfin, le chaos finit toujours par remettre de l’ordre, n’est-ce pas ? J’aspire à ce que cela nous rassemble, nous permette de conscientiser les choses à leur juste valeur et que nous puissions en retirer l’essentiel : Ensemble, nous sommes plus forts.

Je ne peux m’empêcher de penser aux personnes qui, chaque jour, chaque heure, chaque minute et chaque seconde, mettent leur vie à risque pour le bien-être d’autrui. Je pense aux professionnel·les des corps médicaux, aux policier·es, aux salarié·es des commerces alimentaires, aux bénévoles qui assurent le maintien et le bon fonctionnement des besoins spécifiques de tout un chacun. 

Les remercier serait peu dire car cela se résumerait à cette signification ordinaire et simpliste du « merci ». Quotidiennement, iels combattent leurs insécurités ainsi que les difficultés généralisées et relatives au  manque de ressources. Iels sont cette lueur et cette clarté des étendues de l’océan obscur sur lequel nous sommes en train de naviguer. Ma pensée ira au-delà des mots qui s’en suivront : Je vous remercie du fond du cœur. 

Par ailleurs, je constate un discours différent pour l’ensemble de mon entourage ainsi que mes proches. Une parole marquée par un « avant » et un « après ». Une vie bouleversée où beaucoup souhaitent retrouver leur vies « normales ». Un quotidien nouveau et transformé, dissemblable du connaissable. Une volonté de le combler au travers d’activités et de tâches jusque-là encore inexplorées ou qui ne pouvaient être réalisées par manque de temps dans un monde qui ne cesse de tourner. 

Je suis émerveillée face à celles et ceux qui font preuve d’originalité et de créativité, admirative des personnes faisant du télétravail avec leurs enfants à domicile mais également compatissante envers les personnes seules ou âgées. Je pense également aux étudiant·es incertain·es face à leur avenir, à toutes les personnes emprisonnées dans un climat de violence ou impactées par le virus. Dans le fond, j’ai l’impression que nous sommes confronté·es à nous-mêmes, à nos questionnements et à nos incertitudes. Qu’en sera-t-il demain ? Heureusement, les réseaux sociaux et nos outils de communication se substituent à la proximité sociale que nous connaissions avant cet arrêt. Ils permettent d’échanger mais également de diffuser des encouragements. Nous pouvons y voir des messages d’humour, d’amour, d’espoir ainsi qu’une solidarité exceptionnelle. 

D’un point de vue spirituel et émotionnel, j’aimerais aborder la question du corps. Celui qui, de par sa physiologie, se voit être porteur ou transmetteur d’un virus. Ce dernier, qui soit déclaré ou non, résigne nos corps tels des instruments de combat dont l’isolement semble être notre seule armure actuelle. Le corps est marqué par la contrainte des frontières établies. Celui-ci se limite aux lois du confinement et aux surveillances sociales qui en résultent. Que diriez-vous des interdictions qui nous incombent ? Renforcent-elles nos désirs ? Attisent-elles des pulsions ? Pulsions qui, ne pouvant être satisfaites, déclenchent de multiples ressentis, pensées et émotions ?  

Un corps vécu différemment selon les âmes, les histoires et les genres. Selon moi, des genres non déterminés par le fait d’être une femme ou un homme mais au sens du féminin et du masculin que nous possédons toutes et tous. Deux façons d’être qui se complètent et sans lesquelles un équilibre ne pourrait être envisagé. Je pense à un féminin qui exprime, ressent et raconte ce que cette période fait naître en chacun·e de nous. Et puis, à ce masculin vivant ces événements comme ils viennent dans la capacité de répondre à l’autorité avec discernement. Une vision, certainement, non dépourvue de stéréotypes et d’assignations de genre. En réalité, il me semble difficile de se détacher entièrement de ces représentations qui règnent en nous depuis la tendre enfance. 

Nous disposons toutes et tous d’un corps sexué portant en lui ses désirs, ses plaisirs, ses fantasmes ainsi qu’une nécessité d’assouvir ses besoins. En cette période, la sexualité est pour ma part un sujet qui relève de l’autonomie et d’une redécouverte. Confronté·e à soi-même ainsi qu’à une libido sans faille, l’autosatisfaction est la maîtresse des rencontres sexuelles habituelles. En raison des circonstances, il est délicat de partager ce moment avec un·e partenaire. Heureusement, Internet nous offre un panel d’outils tels que les commandes de sex-toys, les pornos, les rapports virtuels en faisant preuve d’originalité afin d’y trouver un épanouissement potentiel. Et puis, il y a ces couples qui pourront s’adonner à leurs ébats dès qu’ils le souhaiteront, sans devoir se préoccuper du peu de temps qu’ils leur reste ou de la journée qui les attend. Selon moi, il s’agit des milles facettes d’une sexualité étant également touchée par de telles conditions laissant la liberté à chacun de choisir qu’elles en seront les conventions. 

En guise de conclusion, cette pandémie universelle due au virus « Covid-19 » sera marquée à tout jamais dans nos mémoires. Une mémoire collective dotée d’un imaginaire collectif. Cette histoire, qui est la nôtre, sera à son tour racontée sur les bancs de l’école, à celles et ceux qui nous succèderons. Il s’agira d’une thématique que l’on abordera sous tous ses angles en étudiant les causes à effets. Une culture imprégnée, un présent bousculé et un avenir interrogé. Où cela nous mènera-t-il ? 

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