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Un peu de temps pour soi

J’ai toujours cru que j’avais une sexualité satisfaisante. Que mes désirs et mes fantasmes étaient tout à fait normaux. Que mes partenaires sexuels me rendaient correctement le plaisir que je leur procurais moi-même. Que je connaissais la jouissance. Ma jouissance.
L’hiver dernier, j’ai fait une rencontre des plus improbables. Une rencontre qui m’a fait redécouvrir la sexualité ainsi que ses nombreux plaisirs, et qui m’en a offert de nouvelles conceptions. Certaines d’entre elles qui bousculaient d’ailleurs les précédentes. Bref, une rencontre qui pourrait se résumer en deux mots : charnelle et symbiotique. 
Or, toute bonne chose a une fin. J’ai continué mes aventures avec cette idée distincte selon laquelle je connaissais mon plaisir et que ma sexualité était plus libre que jamais. Mais, après lui, rien n’était réellement satisfaisant. 
Ce n’est qu’après avoir rencontré une autre personne qui était si douce et attentionnée, mais qui ne savait pas comment me procurer de plaisir que j’ai enfin compris : je n’étais pas maître de ma jouissance. Malgré mes croyances, mon plaisir a toujours dépendu de mes partenaires. Et mes actions, elles, toujours dirigées pour leur plaire. Je n’étais pas apte à diriger quiconque vers mon firmament, puisque moi-même étais incapable de m’y rendre. 
Délaissant l’exploration de mon corps pendant plusieurs années, son approfondissement était plutôt confié à mes partenaires amoureux, qui eux n’avaient comme connaissances que leurs propres désirs, sinon la pornographie. Quel désastre !
Récemment, j’ai pris les choses en main : avec mes ami·e·s, la main droite et le pommeau de douche, je me suis mise à tenter de déchiffrer ce corps qui est mien. D’ailleurs, tout ce qui se dit autour de la masturbation m’intimide. Alors que chaque femme est supposément capable de se rendre au 7ième ciel en 10 secondes, je n’y arrive toujours pas. Je m’arme de patience et tente de me réconcilier avec ma sexualité qui me semblait si épanouie auparavant.
Parfois, j’ai l’impression que ces temps d’isolement et de confinement représentent l’opportunité parfaite pour poursuivre ma quête vers ce graal. Je tente de déconstruire mes clichés sexuels afin de me réconcilier avec ce que je désire sincèrement, tranquillement, mais sûrement. 
Le monde sur pause, je tente de m’offrir ma propre libération sexuelle. Lorsque les gens me questionneront quant à mes activités de confinement, je me contenterai de sourire J

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