Un masque, du désinfectant, des gants, se laver les mains toutes les deux secondes, garder ses distances... Les distances. Est-ce vraiment humain ? N’est-ce pas insupportable d’être éloigné·es les un·es des autres ?
Nous nous sentons seul·es, isolé·es et, soudainement, nous commençons à apprécier les petites choses de la vie que nous n’appréciions pas auparavant, nos amitiés, nos habitudes, nos routines... Comme par magie, nous regrettons même de ne plus aller à l’université, de ne plus voir nos camarades de cours et nos professeur·es. Si ce confinement nous a appris quelque chose, c’est qu’on ne sait pas ce qu’on a jusqu’au moment où on le perd. Et, en le perdant, nous perdons aussi notre liberté, un de nos droits les plus fondamentaux.
Nous avons perdu la liberté de faire des choses aussi simples qu’aller dans un bar pour boire une bière ou dans un parc pour nourrir les pigeons. Mais nous avons également perdu notre liberté dans l’un des domaines les plus intimes et les plus profonds de l’être humain : la sexualité. Qu’arrivera-t-il à tous ces couples qui ne vivent pas ensemble, aux amant·es, à celles et ceux qui aiment les coups d’un soir ? Je pense que cette situation nous prive de la sexualité en tant que contact physique, mais elle libère le plaisir mental.
De nombreuses personnes qui n’avaient que rarement ou jamais pratiqué la masturbation commencent à se sentir curieuses ou, dans de nombreux cas, dans le besoin. Cette curiosité dépasse les limites de notre esprit… On commence à expérimenter, à regarder davantage de pornographie, à utiliser des sex toys ou à rêver de les acheter, à fantasmer...
Je me souviens d’une conversation avec mes amies sur Whatsapp il y a quelques jours. Nous parlions d’un compte Instagram dédié au partage de contenus sur le sexe et à la vente de jouets sexuels. Ce compte proposait à ses followers un concours de récits dans lesquels laisser libre cours à son imagination et écrire quelques paragraphes érotiques. Les prix incluaient des kits de jouets sexuels d’une valeur de 100 euros. Une de mes amies qui aime beaucoup écrire a décidé de participer et a écrit un bref récit dans lequel elle fantasme sur sa colocataire, qui la regarde par la fenêtre pendant qu’elle se douche et qui finit par coucher avec celle-ci quand elle vient à sa porte lui demander un ingrédient pour la cuisine. Le même compte Instagram a lancé un autre défi : dessiner des vagins et les afficher dans ses « stories » Les résultats ont été étonnants et amusants.
Ces deux expériences m’ont amenée à réfléchir à la façon dont l’esprit se laisse emporter quand le corps ne le peut pas et sur les manières dont nous pouvons faire du sexe, pour ne pas dire de l’art. Le sexe peut non seulement devenir amusant à travers l’acte sexuel lui-même, mais aussi à travers la pratique de tout ce qu’il implique. Toutefois, la grande question qui m’a amenée à réfléchir à cet enfermement est la suivante : le Covid-19 nous sépare-t-il ou nous rapproche-t-il davantage ?
À mon avis, le virus nous rassemble en tant que société, il fait ressortir notre côté le plus humain, celui d’aider l’autre et de faire ce que nous pouvons pour sortir de cette situation le plus rapidement possible. S’ils nous demandent de rester à la maison, nous le faisons et nous devons le faire en pensant que, lorsque tout cela sera derrière nous, les retrouvailles avec toutes les personnes que nous aimons seront d'autant plus agréables. Tout d’un coup, nous aurons envie de montrer notre amour, notre affection, nous nous donnerons des câlins et des baisers comme rarement auparavant. Et, bien sûr, quand tout cela sera terminé, parce que cela se terminera un jour, nous vivrons notre sexualité plus libres que jamais.
Pour conclure, je crois qu’il faut, par les temps qui courent, se rappeler d’une phrase célèbre d’Aristote : « L’homme est un être social par nature ». J’ajouterais simplement que nous sommes aussi des êtres sexuels. Vivons notre sexualité !
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