« Loin des yeux, loin du cœur », disait-on. À l’aube du confinement, tu m’avais quittée par téléphone. La tristesse appuyait sur mon sternum, la cage thoracique broyée, à chaque respiration c’était bagarré. On s’était pourtant revus quelques fois, s’embrassant et faisant l’amour comme des amants. Mais, à l’appel du virus et de la mort qui se propageait sur tous les continents, nous nous sommes confinés. Malgré l’envie irrésistible de nos corps voulant s’emmêler l’un à l’autre, nous étions finalement séparés. « Loin des yeux, libidineux ». Au début, nous étions retirés chacun chez soi, tels un ours dans sa tanière et une loutre dans son terrier. Tout a commencé par une simple question à laquelle tu as répondu immédiatement, fait inhabituel pourtant. Et là, sous nos yeux, s’est déployé une parade amoureuse par sms où l’on faisait l’amour chaque matin, on s’envoyait des tuyaux culturels la journée et on s’appelait complètement ivres en soirée. C’était ...